Sunday 21 July 2013

Truly beautiful interview by Msn (Swiss version) with Bacri and Jaoui about the way they work and what inspires them (July 18) - In French

 With Au Bout du conte, just released in German Switzerland, here's a truly beautiful interview by Karine Weinberger for Msn (Swiss version),with Bacri and Jaoui about the way they work and what inspires them: Jaoui-Bacri, les virtuoses de l’écriture à quatre mains !


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Alors que leur dernier opus, ‘Au bout du conte’ sort sur les écrans en Suisse Alémanique aujourd'hui 18 juillet, le couple, à qui l’on doit des petit bijoux tels que ‘Le goût des autres’, ‘Comme une image’ et ‘Parlez-moi de la pluie’, a fait le déplacement jusqu’à Zurich dans le cadre de leur promo. Nous les avons rencontrés pour parler de cinéma, de cinéma et encore de cinéma ! Où avez-vous trouvé l’inspiration pour ce nouveau film ?

 Jean-Pierre Bacri : On a toujours trouvé nos bases dans certains comportements du genre humain, sur le conditionnement des gens et à quel point nous sommes tous conditionnés.

 Agnès Jaoui : Pour ‘Au bout du conte’, je me suis beaucoup demandée pourquoi - alors que je suis fille de psychanalyste et que je pensais être moi-même féministe - j’attendais mon prince charmant ! Et je ne parle pas de la recherche de l’âme sœur en général car c’est tout à fait normal mais plutôt du mythe du prince qui m’emporterait sur son cheval blanc pour changer ma vie. Voilà ce qui a été notre point de départ. Lorsqu’on a l’impression avec Jean-Pierre qu’il existe des conditionnements qui sont plus ou moins inconscients et qui ne sont pas tellement remis en cause, cela nous amuse d’aller les débusquer et les montrer du doigt.


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Une fois que vous détenez l’idée de base, d’où vient votre inspiration pour vos personnages… vos amis, votre famille, vos proches ? 

J-PB : Oui, oui, complètement, c’est tout cela, nos proches et nous-mêmes. Parfois des gens que j’écoute dans un bistrot. Je vais alors m’imprégner de ce qui se passe dans un couple. Et je me dis, voilà comment ils vivent, voilà comment ces gens se parlent et se répondent et cela nous sert quand on crée nos personnages. Dans nos films, il y aura peut-être une des amies d’Agnès, un ami à moi ou quelqu’un que nous avons en commun. Il y a toujours deux ou trois personnes qu’on connaît très bien qui se rassemblent dans un personnage car on a besoin de cette réalité pour rester cohérent.


 L’humour est-il indispensable à chaque fois dans vos films ? 

 AJ : Cela nous l’est à nous en tous les cas.

 J-PB : C’est comme si on disait, c’est indispensable de pédaler pour avancer sur un vélo. On ne saurait pas écrire autrement. Si on faisait un jour comme Woody Allen l’a fait pour ‘Intérieurs’, moi personnellement, il faudrait que je me botte le cul tout le temps pour ne pas partir dans la direction de l’humour. On y arriverait évidemment à écrire un psychodrame mais cela serait malgré nous.


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Le fait d’écrire sur des espaces de trois, quatre ans, c’est plus difficile de s’y remettre ? 

 J-PB : Pour nous c’est naturel…

 AJ : Oui et puis durant ces trois, quatre ans, on bosse ! On met longtemps à écrire car on n’a pas de pression. Ensuite, parce qu’on est paresseux !


 J-PB : On n’évoque jamais ce sujet mais il y a l’histoire de la commande. Il y a pleins de gens qui écrivent car ils ont un producteur et que le producteur les paie. Donc il faut rendre une copie. Nous, on ne se fait pas payer et on écrit. Cela nous prend un an à un an et demi et quand on a une version montrable, on se met alors en quête d’un producteur. On aime bien vivre tranquillement… On se voit à 14h, 15h, voire 16h l’après-midi, le temps de déjeuner ! On travaille ensuite trois, quatre heures dans la journée. Si on doit partir une semaine, on part. On va voir des films, on va à des concerts. Ce qui fait qu’on met une bonne année à écrire un film et le temps de le produire et de le tourner… on arrive à trois, quatre ans sans avoir forcé.


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Le fait d’écrire en tandem, échappez-vous au problème du manque d’inspiration ? 

 AJ : Pas du tout, on a le problème de la page blanche mais à deux ! Ce qui est moins pénible d’ailleurs. Mais on sait qu’on doit en passer par là. Et puis c’est comme tout moment dans la vie, des fois on passe par l’hiver et puis le printemps revient.

 J-PB : Avec l’expérience, on ne s’en affecte pas et on se dit que les lendemains seront meilleurs.

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Le fait d’avoir un public de fans, est-ce un statut privilégié quand on prépare son prochain film ? 

 J-PB : Cela m’épate à chaque fois et en même temps je me dis : c’est peut-être pour cette fois-ci l’échec. D’ailleurs je me souviens du film ‘Comme une image’, on voulait l’appeler ‘Mon premier vide’ !


 Mais cela ne vous met pas trop la pression de ne pas faire un échec ? 

 J-P-B : Non puisqu’à chaque fois, on se dit, tiens cela a encore marché ! Mais pour ne pas souffrir, je m’y attends à l’échec… je me dis qu’un jour, on fera seulement 150.000 entrées et je me prépare à ne pas être affecté car ce n’est pas grave après tout.


 AJ : Et puis c’est déjà une grande chance d’avoir eu tout ce temps avec effectivement un public fidèle. Ce qui me fout la pression, c’est de n’être plus inspirée ou de ne plus faire quelque chose de bien.


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Vous écrivez ensemble depuis une vingtaine d’années. Et si l’un de vous deux allait écrire ailleurs, prendriez-vous cela comme une infidélité ?

 J-PB : Moi j’ai un peu essayé et cela n’a pas marché… C’était très triste.

 Mais c’était en solo ou avec quelqu’un ? 

 J-PB : En duo car seul, ce n’est carrément pas envisageable pour moi. Cela ne m’intéresse pas d’écrire seul dans mon coin. On est indissociables avec Agnès. On aime beaucoup travailler ensemble.


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Votre relation professionnelle a évolué ainsi que votre relation personnelle et de ce fait, n’avez-vous pas le problème des couples qui au bout d’un certain nombre d’années n’ont plus rien à se dire ? 

 AJ : Pas plus que cela car on est dans un espace qui n’est pas celui de la familiarité amoureuse et notre passion et notre cheval de bataille, c’est le changement. J’espère que je peux encore surprendre Jean-Pierre intellectuellement ou artistiquement et vice-versa.


 Avez-vous de la compassion et de l’attachement par rapport à tous les personnages que vous créez ? 

 J-PB : On a essayé de progresser là-dessus, c’est-à-dire d’être un peu plus compréhensif avec les personnages. Car à une époque, on ne se privait pas ! Dans ‘Au bout du conte’, on s’est forcé à ne pas massacrer un personnage, chose dont on ne pouvait pas se priver auparavant. Maintenant on s’est dit qu’on aurait plus d’estime pour soi si on défendait tous nos personnages de la même façon.


 Nous avons demandé à nos lecteurs, quelles questions ils aimeraient vous poser et une même question est revenue pour vous Jean-Pierre : N’en avez-vous pas marre de jouer les bougons ? 

 J-PB : Et bien dîtes leur que c’est parce que je ne sais pas jouer autre chose ! Je ne sais pas jouer autrement. Ce que je constate, c’est que quand je suis dans une salle - et d’ailleurs cela me vexe beaucoup - les gens rient beaucoup. Et J’ai envie donc de répondre à ces lecteurs, mais vous n’aimez pas vous rire ? En réalité moi, je crois faire quelque chose de toujours différent mais il se trouve que j’ai ma tête, ma façon de jouer. Et en plus je ne vais jamais vers des rôles de composition donc voilà je ne sais pas trop quoi vous dire…


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Agnès, votre aventure avec la musique, continue-t-elle ? (elle a sorti deux albums en tant que chanteuse, le premier en 2006 et le second en 2009) 

 AJ : Ah oui !

 Et d’ailleurs dans vos films, la musique est toujours très présente… 

AJ : L’un de mes plus grands plaisirs, c’est lorsqu’il faut choisir la musique. J’ai très souvent la musique en tête avant d’écrire. Et puis également pendant l’écriture et mon plaisir ne fait que grandir quand j’associe les images avec la musique.

 J-PB : C’est vrai qu’à chaque fois, elle tente de mettre une référence musicale. Quand on cherchait un métier à nos personnages, elle m’a bien évidemment suggéré une cantatrice et ce à quoi j’ai répondu : ‘Ah non, pas une cantatrice’. Mais chaque fois, elle essaie !


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Maintenant parlons de vos goûts cinématographiques… Aimez-vous le cinéma américain ? 

 AJ : Je ne le vois plus !

 J-PB : Mais comment ça, tu ne le vois plus mais tu plaisantes ou quoi ? Arrête après tu vas passer pour la fille qui n’aime pas les films américains.

 AJ : Il y a pleins de films américains dont je ne me souviens absolument pas. Mais en revanche, je regarde énormément leurs séries qui sont formidables. Je suis fascinée par l’écriture. J’adore ‘The Wire’, ‘Mad Men’.


 Vous étudiez le genre humain dans tous vos films, cela sera toujours votre cheval de bataille ? 
J-PB : Oh ouais. On ne peut pas faire autrement… Vous avez une idée VOUS à part le genre humain ?


 Un policier ?
 AJ : On a essayé avec ‘Le goût des autres’ mais c’est parti dans une autre direction au final !

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